Réveiller la colère féminine : un épisode engagé avec Typhaine D

Les femmes, poliment en colère alors qu’elles devraient être enragées ? Pourquoi cette charge mentale pèse-t-elle exclusivement sur les épaules féminines ? Laissez-vous immerger dans les réflexions percutantes d’une artiste engagée, comédienne, chroniqueuse et créatrice de la langue de la Féminine Universelle.

De quoi parlons-nous dans cet épisode ?

Typhaine D, une activiste sur le terrain, partage des anecdotes inspirantes et offre des conseils éclairés. Vous découvrirez des ressources précieuses, telles que ces livres recommandés par Typhaine D:

  • Le coût de la virilité toxique de Lucile Peytavin.
  • Le prix à payer : ce que le couple hétérosexuel coûte aux femmes de Lucile Quillet
  • Libérées : le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale de Titou Lecoq.

Ces ouvrages remettent en question les excuses souvent faites aux hommes et démontrent que les femmes sont souvent stigmatisées à tort. Vous serez stupéfait(e) par les résultats d’études révélant notamment que les hommes sont en réalité plus maniaques que les femmes.

Typhaine D nous dévoile les mécanismes de contrôle de la virilité toxique et analyse le partage des tâches ménagères dans les foyers. Une discussion profonde qui met en lumière les inégalités persistantes. Cet épisode encourage également chacune à se réapproprier cette émotion légitime.

Préparez-vous à être captivé(e) par leur échange dynamique qui éveille les consciences et ouvre la voie à un avenir plus équitable.

Belle écoute ! 🌞

Si comme Typhaine D vous souhaitez partager votre expérience sur la charge mentale, vous pouvez nous écrire sur Facebook, Instagram ou sur l’adresse email presse@lilyfacilitelavie.com.

Ressources que nous vous proposons : 

Si vous souhaitez en découvrir un peu plus sur l’univers de Typhaine D, retrouvez ces 2 spectacles « Contes à Rebours » et « Pérille Mortelle » au Café de la Gare !

Pour en savoir plus sur Typhaine D : ici .

À propos de ce podcast

« Stop à la charge mentale ! » est un podcast de Magaly Siméon, experte QVT, charge mentale et conciliation, produit par Lily facilite la vie.

💡 Comment soutenir efficacement les salariés face aux défis liés à la charge mentale ? Comment aborder de manière proactive, les questions de stress au travail au sein de votre organisation ? Comment maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, sans compromettre votre bien-être ? Ces questions cruciales trouvent leurs réponses dans chaque épisode  de « Stop à la charge mentale ».

Rejoignez-nous chaque semaine pour révolutionner votre approche du stress au travail. Nous explorons les conséquences du stress sur les entreprises, équilibrons vie professionnelle et vie personnelle, et mettons en avant la Qualité de Vie et des Conditions de travail (QVCT).

Que vous soyez manager, dirigeant, professionnel RH ou salarié en quête de réponses, ce podcast est votre rendez-vous hebdomadaire pour des solutions pratiques et une inspiration revigorante.

Vous n’avez pas le temps d’écouter l’épisode ? Lisez-le

Introduction

Magaly Siméon : Aujourd’hui, je reçois Tiphaine D., qui pose une question qui mérite qu’on y réfléchisse un petit peu. « Les femmes sont peut-être trop poliment en colère alors qu’elles devraient ressentir plus fortement une juste colère. » Alors, tous ceux qui pensent que c’est une hérésie, passez votre chemin, parce que ce podcast aujourd’hui pose cette question spécifique : pourquoi la charge mentale est-elle d’abord féminine ?

Je vous souhaite une bonne écoute. Bonjour Tiphaine, bienvenue dans le podcast « Stop à la charge mentale ».

Magaly Siméon : Bonjour Tiphaine, est-ce que vous voulez bien vous présenter pour nos auditrices et nos auditeurs ?

Tiphaine D. : Oui, bonjour Magaly, bonjour à toutes et à tous. Alors, je m’appelle Tiphaine D. Je suis à la fois une artiste engagée, autrice, comédienne, metteuse en scène et humoriste, mais pas que. J’ai deux spectacles principaux qui tournent un peu partout en France, en Belgique et au Québec depuis des années, et qui sont chaque semaine au Théâtre du Café de la Gare à Paris : « Compte arbour », une réécriture des contes de fées, et « La Péril Mortel », qui traite de l’actualité et de la question de la langue en inversant toutes les normes et en emmenant tout le public en matrice. J’ai également créé une langue inventée, la « féminine universelle », qui fait exactement l’inverse du masculin universel que nous avons l’habitude d’utiliser depuis 400 ans.

D’autre part, je suis une activiste engagée sur le terrain, formée par des associations féministes qui accompagnent les femmes et les enfants victimes de violences masculines, notamment le CFCV (Collectif Féministe Contre le Viol) et l’association européenne contre les violences faites aux femmes au travail. Grâce à cela, j’ai participé à de nombreuses campagnes sur les droits des femmes et des enfants. J’interviens également dans les entreprises et en coaching individuel pour promouvoir davantage d’égalité, notamment dans le monde du travail, et pour prévenir les violences sexistes et sexuelles. En parallèle, je travaille sur les questions d’art oratoire et d’éloquence pour les femmes afin qu’elles puissent davantage faire entendre leur voix. Voilà, c’est à peu près tout pour mes casquettes.

Qu’est-ce que la charge mentale ? 

Magaly Siméon : Ça va nous faire beaucoup de sujets. Je vais vous poser la question rituelle de ce podcast, qui va permettre d’en ouvrir encore plein d’autres. J’ai cette intuition pour vous, Tiphaine : c’est quoi la charge mentale ?

Tiphaine D. : La charge mentale, la première fois que j’en ai entendu parler, comme beaucoup de gens, c’est grâce à la BD d’Emma. Donc effectivement, on a cette représentation où la charge mentale recouvre toutes ces choses qu’on ne nommait pas avant. Avant la BD d’Emma, ces questions n’étaient pas vraiment discutées dans le grand public, du moins je n’en entendais pas parler, et cela correspond à tout ce qui ne se voit pas. C’est-à-dire que quand monsieur fait la cuisine, c’est préférablement quand il y a des invités, tout le monde le félicite, le remercie, etc. Mais qui se rappelle qu’il n’y a plus tel ingrédient pour la liste de courses ? Qui pense au vaccin de l’enfant, au chien ou à la Chine ?

Qui prépare les vacances à l’avance en pensant qu’il faudra faire trois lessives d’affilée ? C’est ce genre de choses qui nous occupent l’esprit en permanence, voilà ce que j’appelle la charge mentale. Mais personnellement, je préfère parler d’exploitation mentale. C’est une forme d’exploitation mentale où, en réalité, les hommes exploitent mentalement les femmes de manière systématique. Qu’ils en aient conscience ou non, ils prennent la décision de se décharger de toutes sortes de préoccupations qu’ils jugent peut-être trop triviales pour eux. C’est leur privilège dans ce système patriarcal d’oppression. C’est leur manière de nous coloniser mentalement et de nous empêcher de penser à autre chose, en particulier à nous-mêmes et à notre émancipation.

La responsabilité des hommes dans le système patriarcal 

Magaly Siméon :  Je vais jouer un peu l’avocat du diable, sinon ça ne serait pas drôle. Vous dites « ils décident ». On parle aussi beaucoup de masculinité toxique depuis quelques années. Est-ce qu’ils décident, ou bien sommes-nous tous dans un système où nous reproduisons ce que les médias, l’école et d’autres nous inculquent, ce qui fait que tout le monde s’inscrit dans ces modèles, les uns de manière beaucoup plus inconfortable que les autres ?

Tiphaine D. : Je ne conteste pas en tant que femme et mère de famille, mais c’est certain, ils décident. D’une part, parce qu’ils en ont conscience. Quand on n’a jamais fait une lessive de sa vie et qu’il y a toujours des chaussettes propres dans le tiroir, soyons sérieux, ils le savent, même s’ils exagèrent. D’autre part, même s’ils ne s’en rendent pas compte, cela ne diminue en rien la gravité de leurs actes. Ils restent responsables de ne pas s’en rendre compte, et c’est là le cœur du problème. C’est un système systémique dont ils bénéficient quotidiennement, et par conséquent, ils ont une responsabilité, une culpabilité. Ils portent cette culpabilité et doivent assumer cette responsabilité de changer leur comportement, en commençant par reconnaître les injustices et en agissant comme il se doit, en se comportant enfin comme des femmes.

Magaly Siméon :  Je vais continuer un peu dans mon rôle d’avocat du diable, ce que j’entends souvent dans ce podcast. Je ne dirais pas souvent, mais régulièrement, et j’ai entendu il n’y a pas très longtemps que c’est un peu comme si les femmes avaient un seuil de tolérance plus bas pour certaines choses : le désordre, l’absence d’anticipation. Une de mes invitées a même parlé spécifiquement du nettoyage de la salle de bain et des toilettes, en disant finalement : « Si j’attends, peut-être qu’à un moment donné, il le fera ». Mais c’est beaucoup trop long, non ?

Mais j’ai dit que je faisais l’avocat du diable, n’est-ce pas ?

Est-ce que vous pensez qu’on n’est pas un peu responsables de ce système, parce que nous nous sentons responsables que les choses soient propres, que nos enfants soient bien habillés, et nous le faisons avant qu’il y ait éventuellement un espace pour que l’autre le fasse ?

Tiphaine D. : Ce n’est pas du tout une bêtise, parce que ce que disent et pensent les femmes n’est jamais une bêtise, c’est certain.

En revanche, ça ne tient pas, ça ne tient pas par rapport aux études, aux chiffres et aux spécialistes. Donc là, je vais conseiller deux autres bouquins après celui de Lucile Peytavin, Le Coût de la Virilité, celui de Titiou Lecoq, dont le sous-titre est Les Coulisses de la Domination Masculine. Mais il y a un autre titre qui m’échappe là tout de suite. Si vous tapez le style qui est, c’est son dernier le livre. Si de Titiou Lecoq, tous les livres de Titiou Lecoq sont passionnants. Mais là, en l’occurrence, je pense à Libérées!, sous-titré Le Combat Féministe de Titiou Lecoq Devant le Panier de Linge.

Et alors, qu’est-ce qu’elles nous expliquent toutes les deux? Elles évidemment, elles passent par ces justifications. En fait, on passe notre temps parce que c’est moins désespérant, essayer de trouver des excuses aux hommes. Parce qu’en fait, ce qui nous désespère, c’est le fait qu’il y a la moitié de l’humanité qui, consciemment, tranquillement, sans aucune éthique ni aucune empathie, opprime l’autre moitié. Et ce constat là, il fait peur et il fait mal. Et c’est normal. Tant qu’on n’a pas vu le constat, on ne peut pas se battre. Donc oui, ça fait mal. Mais enfin, en même temps, je vous encourage à faire ce constat là, parce qu’après on a tellement plus de place dans sa vie pour les femmes qui sont merveilleuses. Franchement, c’est un pour calcul.

Mais donc voilà, on trouve plein d’excuses aux hommes et notamment alors soit les pauvres, ça, l’insu de leur plein gré. Comme vous disiez tout à l’heure, les pauvres chéris, ils ne font pas exprès. Ils ont été mal éduqués, chouchou. D’ailleurs, souvent, c’est la faute de leur mère. Bien sûr, qu’elles les ont éduqués, évidemment, ce sont des imprégnés. Oui, ça doit être la faute des femmes. N’importe quoi. Et puis d’autre part, effectivement, c’est nous. On est des maniaques. Toutes les femmes de la terre, elles sont maniaques. C’est pour ça. Elles n’ont pas la patience pour que vraiment la merde s’accumule. Alors déjà non, il faut savoir que d’après les études, les hommes sont en fait davantage maniaques que les femmes, ce qui n’est pas du tout étonnant d’ailleurs, puisque il y a ce trip de tout contrôler dans la virilité toxique.

Donc, en fait, en réalité, il y a plus de gens maniaques sur le ménage du côté des hommes que du côté des femmes, donc déjà ça ne marche pas. Et ensuite, que nous raconte Lucile Peytavin, elle nous explique, alors je n’ai pas exactement le chiffre en tête, mais les ordres de grandeur, c’est ça. Elle comptabilise. Et ce sont des vrais chiffres avec l’INSEE et machin. C’est des gros, des gros sondages. C’est très sérieux. C’est très mathématique comme recherche. Donc elle, elle calcule le temps que mettent en tâche domestique et changement, etc. Les hommes quand ils sont célibataires et les femmes, quand elles sont célibataires, donc elles habitent et et ils habitent seuls. Voilà. Donc on va dire que, par exemple, les hommes font, il me semble que c’est ça. Ok, neuf heures dans la semaine, les femmes 11.

Donc, effectivement, on est un peu plus propre, mais aussi pourquoi? Parce qu’on a aussi peut-être de l’empathie pour les amis qu’on invite. Il y a des questions là, il y a la question de l’empathie, est-ce que tu invites les gens dans un truc, des gueux ou baf bref, après on a le droit comme ça. Moi, je du moment que ce n’est pas dangereux pour la santé. Je n’ai pas de jugement moral là-dessus. On vit comme on veut, mais enfin, donc effectivement, mais c’est quand même pas trop loin non plus.

Le mythe de la répartition équitable des tâches

Et puis voilà ce qu’elle calcule, c’est que au moment où les femmes et les hommes se mettent en couple, les femmes, il faut leur ajouter un truc comme quatre ou cinq heures de plus par semaine. Et les hommes, en leur enlèvent trois, c’est à dire que eux, quand ils sont en couple avec une femme, ils font moins de tâches ménagères de charge mentale. C’est là que quand ils sont à deux, alors qu’il y a deux fois plus de ménage à faire normalement. Mais donc c’est évidemment les femmes qui prennent en charge ce truc-là et quand les enfants arrivent, alors là, c’est terrible que les hommes avaient raison ou les hommes qui étaient passés, genre à quelque chose comme six, ils repassent à sept. Donc ils font un ton de peu plus que quand ils sont en couple sans enfants.

En revanche, elles, il faut leur ajouter 10 encore. De plus, c’est à dire qu’en fait là, on arrive à un truc délirant. Donc les chiffres exacts, je vous encourage à regarder le livre de Lucile Peytavin, je ne l’ai pas appris par cœur, mais les ordres de grandeur, c’est ça. Donc ça signifie quoi? Ça veut dire que les hommes seraient moins maniaques quand ils habitent avec les femmes ou non, ça, les hommes, en fait juste, ça ne les dérange pas d’avoir une esclave à la maison parce que l’esclavage, c’est ça, c’est travailler pour autrui sans être payé.

Donc, en fait, ça s’appelle de l’esclavage, ça s’appelle de l’exploitation. Et c’est pour ça que moi, je préfère parler d’exploitation mentale, d’exploitation domestique, parce que là on voit plus le système d’exploitation, le système d’oppression, ce n’est pas juste une charge mentale que les femmes prennent. Alors non, non, il y a une décision. Il y a une personne qui exploite une autre personne à son profit et qui n’est pas gênée. Ah oui. Qui vit tranquille. Ça, c’est sûr. Ça ne fait pas du c**. Donc voilà, c’est pour ça que ça ne tient pas.

Et par ailleurs, sur le truc de oui, on préfère que nos enfants soient mieux habillés. Je ne sais quoi? Alors là, par exemple, il y a l’anecdote que raconte Titiou Lecoq, qui est à la fois terrible et très efficace. Elle était en couple avec un homme. Ça, c’est dans Libérées!, et elle pensait que c’était plutôt 50/50. Donc, en fait, on peut comprendre que c’était 25/75. Je répète pourquoi? Parce que lorsque les hommes en font 25 %, ils ont la sensation d’en faire 50 en terme de charge domestique, éducative, charge mentale, etc. Et les femmes, lorsqu’elles en font 75, elles ont la sensation d’en faire que 50 à cause des représentations mentales qu’on a, la femme en fait, 75, elle va sans vouloir de pas. Et le mec, il en fait 25 qui se dit moi, j’en fais pas zéro.

Donc, du coup, quand vous avez des couples qui vous disent à nous, c’est 50/50 à tous les coups. C’est 25/75. Donc ça, c’est pareil. Ça a été bien chiffré. Et donc elle pensait que ça allait et puis arrive la décision de faire un enfant. Donc l’enfant arrive. Et là, elle se rend compte que, comme je disais tout à l’heure, les charges éducatives et domestiques dues à l’enfant, elle les prend presque à 100 sur les épaules, soit bien. Donc c’est l’enfer. Et ça, c’est Lucile Peytavin qui l’explique aussi quand un enfant arrive, c’est la femme qui prend presque à 100 pour le reste. Charge domestique. C’est quand même 20 encore pour les hommes. 80 % pour les femmes, on est quand même dans un couple hétéro, d’où le titre, Ce Que l’Hétérosexualité Coûte aux Femmes.

Donc ouf, on arrive, l’enfant est là et elle se dit il y en a quand même marre. Donc elle prend sur elle la charge mentale de se décharger de la charge mentale, ce qui est déjà une charge mentale en fait. Et elle dit c’est simple pour la santé de l’enfant. Ça va être une semaine, toi, une semaine moi, il y en a rat, le pompon r les au vers, soit tout le temps, moi, etc. Machin, ok, on fait comme ça. Lorsque donc la semaine commence, on est lundi, c’est la semaine de monsieur et le petit garçon se plaint qu’il a mal aux oreilles. Elle dit rien. C’est au père de s’en occuper. Le père entend que le petit a mal aux oreilles et se dit bon, il va faire quelque chose.

Probablement le mardi, le petit garçon a encore beaucoup plus mal aux oreilles. Et là elle prend sur elle ce qu’elle ne devrait pas faire. La charge de dire à son gars tu entends, il a très mal aux oreilles va falloir faire quelque chose. Oui, oui, le mercredi, l’enfant pleure pas à dormir, etc. Machin donc elle dit mais tu tu regardes le quoi? Tu fais quoi? Elle est déjà en train de faire sa charge, mais elle se dit non, je tiendrai, je ne prendrai pas rendez-vous avec le médecin. Ce qui revient à se dire par rapport à cette femme dont vous parliez peut-être que si je patiente il va y avoir quelque chose total, il y a une occlusion du tympan dans les douleurs horribles pour l’enfant, c’est que ça a quand même été elle après d’aller aux urgences le vendredi.

Et c’est elle encore qui a culpabilisé d’être une mauvaise mère. Bien sûr, monsieur n’a pas culpabilisé d’être même pas un père de merde, de même pas être un père. Et donc là, ce qui se passe, c’est un problème de manque d’empathie des pères pour les enfants, des pères pour les mères, parce qu’après ils savent très bien qu’elles vont culpabiliser, etc. C’est un manque d’empathie. Donc c’est un manque d’amour. Or, ça veut dire quoi, si on n’est pas en capacité d’avoir de l’empathie, donc de l’amour pour son propre enfant, mais non, mais ça pose vraiment la question.

Donc c’est pour ça que j’ai une amie qui a fait un truc très bien, elle voulait un enfant, son compagnon aussi. Mais en fait, elle lui a dit, écoute, c’est simple. Je vais avoir l’enfant. Moi, tu vas pas le déclarer. Voilà, ça va être que mon enfant. Et à 18 ans, si tu as prouvé que tu l’as élevé, si tu as vraiment fait ton taffe de père, qu’on reste ensemble ou pas ça a rien à voir. Mais si tu as vraiment fait un ta de père et si l’enfant est d’accord, là tu pourras reconnaître l’enfant. Et le père a dit quoi? Le père c’était ça? Ou il n’y avait pas d’enfants. Il a dit oui, d’accord, mais c’est une super féministe. Et elle s’est battue comme une folle et c’est une immense charge de se battre comme une folle pour ça.

Mais pourquoi elle a fait ça? Parce qu’elle a dit en fait moi, c’est sûr. Je vais être une mère. Ça c’est sûr. Toi en revanche, d’abord tu prouves que tu es père après, tu peux dire que t’es père, parce qu’elle avait vu toutes les copines autour d’elle se retrouver en fait, soit être mère célibataire parce qu’au bout d’un moment, on vire le gars. On n’a pas pas envie d’avoir deux enfants à charge dont un adulte, ou alors ceux qui se barrent parce qu’ils s’en foutent. Bon, bref, ou alors ils sont à la maison, mais ils ne font pas du tout leur part ou n’importe comment. Ils ont le beau rôle. Ils emmènent les enfants parce qu’ils ont de l’argent pour Disney ou dans des grandes vacances. Et puis la mère est là pour les trucs et pour faire les devoirs et en plus, elle a le mauvais rôle. Je dis, ça suffit. Donc, en fait, le père mérite parce que c’est quand même une construction sociale chez les mammifères, la majorité, il n’y a pas de père, ça n’existe pas. C’est clair.

L’empathie et le rôle des pères

Magaly Siméon : Et j’entends bien l’anecdote que vous racontez pose très clairement la question de l’empathie et de façon très oui. Ça répond vraiment à ce truc. Si je patiente, il va faire quelque chose, non, sauf que du coup c’est les enfants qui trinquent, ce qui est dégueulasse aussi. C’est un des sujets qui est très compliqué pour beaucoup de mères. Très clairement, j’ai une question. Vous êtes né activiste ou il s’est passé quelque chose qui vous a rendu activiste. Comment souvent ça se lie dans votre histoire? Je pense que toutes les petites filles naissent féministes. Oui, peut-être tous les garçons aussi. Je ne sais pas sûrement. Et le patriarcat nous rend très, très vite, très rapidement en quelques mois, nous rend misogyne, nous rend opprimées, nous rend pas oppresseurs.

Typhaine D : Par contre, parce que ça ne faut pas exagérer s’ils veulent faire autrement, ils font autrement, ils passent encore pour des héros, parce que c’est pas les pires. Ça va eux. Quand ils sont oppresseurs, ils ont vraiment mais zéro début d’excuse. Nous, en revanche, on subit une propagande tellement lourde à être opprimée. Et du coup, on redevient féministes. Donc je pense que je suis né avec un féroce appétit d’égalité qu’on a essayé de me mettre dans la tête plein de merde et ça a marché. J’ai aussi rêvé au prince charmant et autre, mère comme tout le monde. J’ai été élevé avec Disney dans une famille pas du tout féministe, etc.

Et puis il y avait quand même encore quelque chose dans la petite fille qui bondissait contre les inégalités et les injustices. Moi, ma première bataille, c’était contre les adultes. Ils voulaient que je les voient alors que ces gens me tutoyaient sont à quoi en délirant. Et donc ça a démarqué tout. Oui, non. Mais moi, l’injustice, ça, ça ne marche pas. Et donc voilà quelque part, quand je suis devenu féministe, j’ai eu l’impression de redevenir féministe que ça avait toujours été là, au moins en latence. Et je pense qu’au départ, on a toutes et tous envie de liberté. Donc toutes les filles en naissant sont féministes.

Je viens de finir en de mémoire ou en tout cas de manifeste écrit par Gisèle Halimi et qui raconte qu’à huit ans, elle a fait la grève de la faim, puisqu’elle était dans une famille tunisienne. On trouvait normal qu’elle fasse les corvées pour ses frères. Et elle a fait la grève de la faim jusqu’à ce qu’on accepte qu’elle soit libérée des corvées de façon définitive. Et elle finit son livre. Donc c’est un livre qui a quelques années maintenant. Elle finit son livre en disant qu’elle est quand même très étonnée qu’il n’y ait pas plus de colère chez les femmes et chez les jeunes femmes. Vous partagez ce point-là. Moi, je suis très en colère.

Oui, mais souvent les féministes, c’est un des reproches. C’est un des reproches que les hommes font aux féministes, c’est que et mais les féministes effectivement que moi, j’ai l’occasion de croiser, on sent qu’il y a une forme de colère ou de révolte. Ce qui a encore quelque chose un peu différent est ce que vous êtes étonnés que nous ne soyons pas plus collectivement en colère. Alors, d’une part, en fait, c’est aussi qu’on a un seul mot pour dire de choses différentes, dire que pour beaucoup de femmes, oui, colère, ça évoque en fait la violence de l’agresseur. Papa pas est en colère, n’a pas crié, bouge beaucoup les bras frappe.

Et du coup, déjà, la société entière nous dit qu’on n’a pas le droit à la colère en tant que fille et femme. Mais alors, en plus, si on fait l’amalgame entre la colère et la violence, on se interdit encore plus parce que c’est celle de l’agresseur. Or, c’est deux choses très différentes. La violence de l’agresseur, elle est illégitime, c’est de la haine, la violence, elle a la colère de l’opprimé. C’est de la légitime défense. C’est de la résistance. C’est de la juste colère. Moi, j’appelle ça. Donc on doit se réapproprier notre colère. Et c’est la prix Nobel.

Le Mike bowie qui disait il est temps que les femmes cessent d’être poliment en colère. Oui, oui, il faut se réapproprier notre colère. On y a droit. Et encore une fois, c’est de la résistance. Personne reprocherait, tiens, c’était lui-même là machin personne ne reprochait à Jean Moulin ou à une Lucie Aubrac d’être en colère contre les nazis. Il manquerait plus que ça tient. Donc c’est normal d’être en colère contre l’oppresseur. On a le droit à la colère. C’est un sentiment magnifique. C’est de la révolte. C’est de la résistance. Vraiment, je tiens à ces mots-là, c’est héroïque d’avoir accès à sa colère.

C’est un moteur qui nous meut, qui nous met en action ensemble et surtout cette colère-là, moi, je suis très en colère depuis cette petite fille, mais la lutte collective féministe et sororité, donc sororité, ajoutée à cette colère-là énormément de joie, de jubilation je dirais. Cette colère, on peut la vivre avec un grand sourire et d’ailleurs sur les mobilisations là autour de la retraite, etc. Quand on voit des images, c’est impressionnant parce qu’il y a des foules de gens en colère, mais en même temps qui chantent, qui rient, qui dansent. Et en fait, c’est pour ça que cette colère-là, elle est forcément bénéfique.

Et ce n’est même pas qu’il y a un continuum entre cette colère-là et la haine, la violence de l’oppresseur, c’est que c’est radicalement l’opposé. Et donc il y a ça aussi. Le problème, c’est que souvent on mélange les deux. Et donc, et donc oui, il faut que les femmes cessent d’être poliment en colère. Et moi, par contre, ce qui m’étonne, j’avoue. Et là, je me trouve incroyable. Les hommes n’arrêtent pas de dire que les féministes sont violentes, n’importe quoi, alors qu’on en a encore jamais tué. Aucun et moi, c’est ça qui m’étonne quand même. C’est vrai et que en 10 000 ans d’oppression et ça c’était André Edward King, qui la disait, une grande militante féministe américaine.

Elle disait si les femmes ne vous ont pas tué, ce n’est pas parce qu’il y a une une pénurie de couteau dans les cuisines parce qu’on y a accès aux couteaux de cuisine, beaucoup trop, non, c’est parce qu’on croit en votre humanité contre toute évidence. Vraiment là où je suis impressionné par les femmes et par les féministes en particulier, c’est que oui, on ne les a pas encore zigouillées, mais il faut qu’ils fassent gaffe parce qu’on a comme disait Benoîte Groult, le « Mâle tue tous les jours ». Les féministes n’ont encore jamais tué personne. J’appuie sur encore. Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup.

Magaly Siméon : Merci beaucoup, tiphaine.Merci beaucoup d’avoir été avec nous aujourd’hui.

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