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Introduction
Magaly Siméon : Plus personne aujourd’hui ne discute la nécessité d’avoir des équipes représentatives de notre société et donc des équipes diverses. En tout cas, j’espère que plus personne ne le discute parce qu’on parle ici de justice sociale. Mais une fois qu’on a dit ça, ce qui nous reste à trouver, c’est le comment. Comment éviter que de bonnes intentions soient abîmées par de mauvaises pratiques ? Je reçois aujourd’hui Maya, qui est la déléguée générale de la FMD. C’est son travail. Elle va nous parler de ça et expliquer aux managers comment ils peuvent alléger leur charge mentale sur ce sujet et être plus sûrs de faire ce qui est juste dans leur équipe. Je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Maya, est-ce que vous voulez bien vous présenter pour nos auditrices et nos auditeurs ?
Portrait de Maya Hagege
Maya Hagege : Bien sûr. Donc, je suis la déléguée générale de l’Association Française des Managers de la Diversité. Je travaille dans cette association depuis 2011 et j’ai petit à petit grimpé les échelons pour arriver au poste de déléguée générale. Cela signifie que je m’occupe de la stratégie de l’association, que je présente et co-construis avec le conseil d’administration. Je travaille sur le développement de l’association, la supervision des activités, le management des équipes, donc vraiment toute la partie de positionnement, représentation et orientation de l’association.
Magaly Siméon : On va parler aujourd’hui beaucoup de diversité et d’inclusion. Pouvez-vous nous dire quel est l’objectif de votre association ? Qu’est-ce qu’elle cherche à obtenir ? Et pourquoi vous êtes-vous investie dans cette association ?
Présentation de l’AFMD
Maya Hagege :
- Le point de départ de l’association, c’était de rassembler des managers qui sont maintenant devenus des responsables diversité, dans un lieu pour échanger sur la gestion des équipes. Aujourd’hui, à l’association, nous sommes une communauté d’entraide sur l’ensemble des thématiques de prévention des discriminations, sur les enjeux de management de la diversité et enfin sur les politiques d’inclusion.
- Le deuxième grand volet d’action de l’association est la recherche. Nous faisons le lien entre la recherche scientifique et les pratiques professionnelles à travers différents canaux. Si nous avons le temps, nous en parlerons en détail.
- Enfin, le troisième volet est la proposition d’outils sous différents formats, gratuits pour tout le monde, que l’on soit membre ou non de la FMD.
Voilà qui nous sommes. Pour moi, ce qui m’a intéressée, c’est que, lorsque j’étais encore en master, je me suis investie dans une association qui s’appelle Mosaïque Dauphine, une association d’étudiants pour valoriser la diversité des étudiants et des parcours à Dauphine.
Je me suis donc beaucoup intéressée à ces questions. De nombreuses personnes m’ont ouvert les yeux, des diplomates, des dirigeants d’organisation, et je me suis dit qu’il fallait agir. Ensuite, j’ai rejoint l’association convaincue par une entreprise comme L’Oréal, et de l’intérêt de mener des actions de diversité, ce qu’on appelle aujourd’hui des actions de justice sociale. Il s’agit de s’assurer de l’égalité des chances et de traitement, et de l’inclusion de chaque personne.
Se lancer dans un projet de diversité et d’inclusion au sein de son entreprise
Magaly Siméon : Quand je vous entends, je suis moi-même dirigeante d’une entreprise d’une vingtaine de salariés, une petite entreprise, mais en vous écoutant, je me dis que si on veut avoir une équipe diverse et représentative de notre société, cela ne se fait pas sans intention, sans accompagnement, et pas en un claquement de doigts. C’est là-dessus que vous aidez aussi ?
Maya Hagege : Oui, tout à fait. Si l’on prend l’exemple de l’environnement, on voit bien qu’il y a des évolutions similaires : des alertes, des entreprises qui travaillent sur les enjeux, la création d’une fonction, des jalons posés, mais tout avance lentement. C’est le même système pour la diversité et l’inclusion, avec des mouvements sociaux, des obligations légales, et la création d’une fonction encore jeune. Les changements ne se font ni en un claquement de doigts ni seulement grâce à une ou deux personnes. C’est un changement individuel et structurel, nécessitant un accompagnement.
Magaly Siméon : Et comment vous accompagnez dans votre association ?
Maya Hagege : Nous avons beaucoup d’activités, mais la principale est la communauté d’entraide. Nous fonctionnons comme une démocratie : tous les sujets traités à la FMD sont votés par l’ensemble des membres. Nous proposons des thématiques en fonction des niveaux de maturité des entreprises, avec des actions adaptées. Nous favorisons les liens entre les membres pour des échanges et de l’entraide, par exemple avec des cafés FMD chaque jeudi de 13h à 14h, où les membres posent des questions et partagent des expériences. Nous avons aussi une approche de don et de contre-don, où les membres partagent leurs ressources et bonnes pratiques. Cela inclut aussi la recherche, où des entreprises ouvrent leurs portes à des chercheurs, permettant de transformer les enseignements en outils pratiques.
L’importance des managers pour des équipes diverses
Magaly Siméon : Les personnes qui viennent chez vous sont les représentants des entreprises portant cette vision de la diversité. Comment cela redescend-il sur les managers, qui doivent animer et gérer des équipes diverses ?
Maya Hagege : Depuis le début, nous parlons de transformation managériale. Nous accompagnons les responsables diversité et les leaders de réseaux internes, en leur fournissant des outils de compréhension et d’action. Ensuite, ce sont eux qui déploient ces outils. Par exemple, nous avons créé un mode d’emploi sur le management de la diversité et de l’inclusion, avec des postures exemplaires, de vigilance et de pédagogie.
Magaly Siméon : Vous avez parlé de recherche. Comment faites-vous le lien entre la recherche et l’expérience pratique, et qu’en faites-vous ?
Maya Hagege : Nous vulgarisons la recherche pour la rendre accessible aux employeurs. Par exemple, nous avons soutenu une recherche sur l’expression religieuse au travail, transformée ensuite en un document clair et utilisable. Nous avons aussi des groupes de travail copilotes par des chercheurs et des employeurs, qui explorent en profondeur un sujet. Cela permet de transformer les enseignements de la recherche en réponses concrètes à des problématiques.
Conseils pour les entreprises qui débutent dans la diversité et l’inclusion
Magaly Siméon : Et si je ne me suis pas encore posé la question de la diversité et de l’inclusion dans mon entreprise, par quoi devrais-je commencer ? Quels seraient vos trois premiers conseils ?
Maya Hagege : C’est difficile comme question. Je dirais :
- Balisiez le sujet : définissez ce que vous voulez faire et pourquoi.
- Comprenez le sujet dans votre organisation : faites un diagnostic pour voir si les problèmes que vous ressentez sont réels et partagés.
- Ne lancez pas immédiatement de grands plans d’action : définissez des actions concrètes et adaptées à vos moyens, avec des indicateurs d’efficacité.
Magaly Siméon : Donc, il faut réfléchir à mon intention et voir si elle est partagée par le collectif, sinon, il y a un travail pédagogique à faire ?
Maya Hagege : Exactement. Vous avez tout compris. Vous pouvez commencer demain.
Conclusion
Magaly Siméon : Merci beaucoup, Maya. Merci pour toutes ces explications.
Maya Hagege : Avec plaisir et au plaisir de revenir sur le podcast.