Les valeurs sans valeur, un problème dans les entreprises ?
Libres paroles
Ces 10 dernières années, la plupart des grandes entreprises se sont dotées de valeurs. C’est beau. Ça fait bien. Ça a parfois coûté cher et trop souvent, ça ne sert à rien. Pire, ça peut avoir l’effet inverse sur des équipes qui constatent au quotidien l’inadéquation des actions des dirigeants avec les valeurs affichées dans tous les couloirs.
Pourquoi ?
Je vais vous raconter une expérience personnelle. Pas juste pour le plaisir de vous raconter une histoire, mais pour essayer de mieux me faire comprendre. Parce que je sais que ce que j’ai vécu arrive dans de nombreuses entreprises.
À l’époque, je suis dirigeante dans un grand groupe, membre du COMEX. Un superbe COMEX, plein de gens intelligents. Plus soucieux de leur avenir personnel que du sort collectif, certes, mais intelligents 😏
Par un beau jour de COMEX, le DG de l’entreprise nous informe que la Directrice de la communication va intervenir.
Rien de plus. Comme souvent. Nous sommes un COMEX plus informatif que décisionnel.
Arrive ladite Directrice qui nous explique avoir fait plancher une agence sur les valeurs de l’entreprise.
L’agence a fait des propositions après 2 séances de travail avec la Com.
Les propositions ont toutes été validées par le DG.
Un panel d’une dizaine de valeurs nous sont proposées. Nous sommes libres de choisir celles que nous préférons dans la liste suivante :
- compétence
- qualité
- droit à l’erreur
- initiative
- écoute client
- le client placé au cœur
- bienveillance
- respect
- transparence
- intégrité
S’ensuivent de longs débats, autour de questions ESSENTIELLES :
- la bienveillance, ça va pas, ça fait trop gentil
- les mots et leurs définitions
- leur traduction possible ou non dans d’autres langues
- la transparence, c’est dangereux
- la qualité, c’est trop subjectif. On ne peut pas la retenir
- la compétence ne se décrète pas
- combien de valeurs peut-on afficher ?
Après 2 h 40 d’échanges parfois enflammés, sans aucune intervention du DG qui nous laisse « notre libre arbitre » et en profite pour se mettre à jour de ses signatures, nous retenons :
- le droit à l’erreur
- l’initiative
- le client placé au cœur
2 jours plus tard, de grandes affiches de 2m x 1m sont placardées dans tous les couloirs, pour un effet WAOUH.
Et après ? 🤔
Eh bien, après, rien ! J’ai continué à exercer dans une entreprise où
- sortir d’une procédure nous valait un procès en sorcellerie
- une erreur de chiffres dans un document, une attribution d’incompétence
- le client était un être dangereux pour lui-même et pour le groupe, qu’il fallait absolument protéger de ses propres demandes
J’exagère ?
Loin de là. La réalité était bien pire 🤯
Et alors, me direz-vous ?
Et alors, en ce siècle où la recherche de sens devient essentielle, traiter des valeurs comme on traite une procédure de saisie de frais professionnels, c’est démontrer aux salariés que ces valeurs n’ont aucun sens.
Et pourquoi c’est grave ?
Parce que l’engagement de chacun se nourrit de son adhésion à la vision d’une entreprise et à la manière dont celle-ci la décline, et que l’engagement est le garant de 2 choses :
- la capacité de se projeter dans l’entreprise et d’y trouver son équilibre
- la productivité de chacun, c’est-à-dire un rapport positif entre le temps consacré et la qualité de la production
Donc pas de sens, pas d’engagement et pas d’engagement, pas de qualité.
Aucune importance, remarquez bien : la qualité ne faisait partie des valeurs retenues 😎
Et c’est dans cette entreprise que j’ai connu le taux le plus élevé de burn out. N’y voyons là aucune coïncidence 🤔
C’est quoi la solution ?
Elle tient en 2 mots :
- co-construction
- exemplarité
Et c’est tout !
Construire ses valeurs avec le collectif qui les mettra en pratique, c’est essentiel. Je n’ai jamais été déçue par la qualité de ce qu’un collectif produit.
Donner à tout moment l’exemple, et particulièrement quand ce n’est pas facile, quand on serait tenté de laisser sa nature prendre le dessus.
Assumer et incarner.
C’est essentiel pour donner du sens et favoriser l’engagement.
C’est l’un des rôles du dirigeant.
Une expérience à partager ? Identique ou contraire ?
Un avis ?
N’hésitez pas, les commentaires sont là pour ça !
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A propos de Magaly Siméon
“I believe in pink.
I believe that laughing is the best calorie burner.
I believe in kissing, kissing a lot.
I believe in being strong when everything seems to be going wrong.
I believe that happy girls are the prettiest girls.
I believe that tomorrow is another day and I believe in miracles.”
Audrey Hepburn
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